Notice: Function _load_textdomain_just_in_time was called incorrectly. Translation loading for the creativeily domain was triggered too early. This is usually an indicator for some code in the plugin or theme running too early. Translations should be loaded at the init action or later. Please see Debugging in WordPress for more information. (This message was added in version 6.7.0.) in /home/pascalgc/public_html/pascalgoovaerts/wp-includes/functions.php on line 6114

Notice: Function _load_textdomain_just_in_time was called incorrectly. Translation loading for the creativeily domain was triggered too early. This is usually an indicator for some code in the plugin or theme running too early. Translations should be loaded at the init action or later. Please see Debugging in WordPress for more information. (This message was added in version 6.7.0.) in /home/pascalgc/public_html/pascalgoovaerts/wp-includes/functions.php on line 6114
BAC À SABLE – PASCAL GOOVAERTS – Artiste littéraire

BAC À SABLE

CONTAGIEUSE

La première fois que je me suis promené le long de cette berge, j’étais seul.
Tout seul.

Au début, je me contentais d’observer les gens heureux.
Sans parler.
Assis sur mon banc, souvent figé.
Je cherchais des réponses à tous mes pourquoi.

« Chien : animal de compagnie. »

Les promeneurs tirés par les plus grosses bêtes m’intéressaient davantage.
Dépassés par l’instinct de l’animal qui les attirait hors des sentiers.
Dans la boue.
Dans les flaques.
Ils peinaient à se faire comprendre.
C’en était insultant : jamais cela ne pourrait m’arriver !

Voilà pourquoi j’ai inventé Sergent.
Un chien, pure race.
Noir et beige.
De bonne taille.
Au poil lisse, toujours bien brossé.
Et surtout dressé comme il faut, très obéissant.
Je me suis très vite attaché à lui.
Le long de la berge, j’ai commencé à me promener avec mon chien.
Avec Sergent.

Au début, les autres marcheurs s’étonnaient.
Jamais nous ne nous écartions des droits sentiers.
Jamais.
Nous évitions la boue et les flaques.
J’étais respecté de l’animal.
Respecté.

À deux, maintenant, nous observions les gens heureux.
Chuchotant.
Discrets.
Mais il restait encore des pourquoi.

« Ami : humain de compagnie. »

Les vieux, assis sur leur banc, étaient les amis les plus vraisemblables.
Morts d’ennui comme ce canal qui leur fatiguait les yeux.
Conscients.
Immobiles.
Ils peinaient à se faire entendre.
C’était si révoltant qu’il me fallait en sauver un !

J’ai donc imaginé Francis.
Un monsieur de bonne famille.
Noir et gris.
Grand maigre.
Sa cravate des beaux dimanches, toujours ajustée à la perfection.
Et surtout, Francis était causant, bavard, même.
Il a immédiatement plu à Sergent.
Le long de la berge, nous avons commencé à nous promener ensemble.
Côte à côte.

Les gens heureux s’étonnaient.
Nous parlions fort.
Riions fort.
Nous faisions des projets.
Nous étions le confident de l’autre.
Amis.

À trois, maintenant, nous regardions les dames.
Plus confiants.
Respectueux.
Pourquoi pas nous ?

« Compagne : indispensable alter ego. »

Cette demoiselle, un pied dans la boue, l’autre sur le sentier, attira mon attention.
Tirée par un molosse de deux fois son poids.
Patiente.
Polie.
Saluant les personnes seules au passage.
Elle était si charmante qu’il fallait que je la connaisse !

C’est ainsi que Karine est entrée dans mon monde.
Universitaire et cultivée.
Brune.
Plus petite que Francis.
Et surtout, amoureuse des bêtes… Tellement.
Nous nous sommes plu immédiatement.
Et elle nous a emboîté le pas sans question.

Le long de la berge, les promeneurs nous cédaient maintenant le passage.
Les vieux nous jalousaient.

La première fois que je me suis promené ici, j’étais seul.
Bien seul.

Aujourd’hui, Karine partage mon banc.
Sergent et Sarah à nos pieds.
Nous parlons de nos projets.
Désormais, nous cherchons des réponses à nos comment.

Le long de la berge, Francis a commencé à promener sa chienne.

Au fil de l’eau, ma folie se répand.
Contagieuse.